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  • Photo du rédacteurJean Bernard Chardel

Quand l’art abstrait fait du bien…

« Dans un monde en proie aux convulsions et aux violences aveugles, nous voyons bien que la beauté persiste, malgré tout ! C’est à travers elle que nous acquérons le sens du divin et du sacré, voire le sens du sens ». François Cheng (1)


'En maintenant la beauté, nous préparerons ce jour de renaissance où la civilisation mettra au centre de sa réflexion, loin des principes formels et des valeurs dégradées de l'histoire, cette vertu vivante qui fonde la commune dignité du monde et de l'homme.'     Albert Camus,  "l"homme révolté"


Dans l’art contemporain, le plus souvent, la recherche de la beauté pour la beauté est considérée comme dépassée et désuète. Aucun entendent même faire l’apologie d’un art comptant pour rien, d’un art qui n’aurait aucune finalité. C’est vrai, la création artistique épouse par essence une exigence de gratuité. Cependant, dans nos sociétés industrielles où domine l’esprit de compétition, où le mal-être est perceptible chez nombre d’individus, le besoin de retrouver une vie plus équilibrée se fait sentir. Dans beaucoup de textes anciens, issus de traditions très diverses, on attribue aux formes, aux sons, aux odeurs, le pouvoir d’exercer une influence émotionnelle. Les formes géométriques notamment ont cette capacité de toucher les profondeurs de l’inconscient et d’influencer ainsi les états de l’âme. Les formes géométriques, les cercles, les triangles, les carrés, possèdent une force expressive qui agit sur nos émotions à travers un langage symbolique. Les formes arrondies éveillent une impression de perfection, de stabilité, de sérénité. Il en est de même pour les couleurs qui, dotées de capacités vibratoires, en stimulant des niveaux de conscience,

peuvent être employées à des fins thérapeutiques. Récemment, des chercheurs de l’INSERM, viennent de découvrir que « notre cerveau était capable d’accéder inconsciemment au sens émotionnel de mots, sans avoir besoin de lire les lettres qui les composent » (Psychologies, juillet-août 2005, N°243, p.32). Nous pouvons ainsi aisément comprendre combien il est essentiel de rester attentif à notre environnement, à notre cadre de vie, à des formes d’art qui, même dominées par une certaine abstraction, peuvent se donner à nous de façon très significative.

On parle beaucoup de la relativité de la beauté mais d’une manière générale, est jugé beau, ce qui procure une sensation physiologique de bien-être. Dans cette conception, la beauté se rattache donc à un état de bien-être et la laideur à un état de mal-être. On peut donc suggérer l’idée selon laquelle l’esthétique est étroitement liée à l’éthique dans la mesure où un être heureux, ami de lui-même, devient naturellement bon et généreux avec autrui.

Jean-Bernard Chardel (1) (Nouvel Obs.4-10 août 2005)

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